Le modèle d’Uppsala : Une approche évolutive de l’internationalisation des entreprises

Sommaire :

Le modèle d’Uppsala, initialement conçu pour expliquer le processus d’internationalisation des entreprises, est un cadre utile pour les PME souhaitant s’étendre à l’international. Pour le rendre plus pratique et adapté aux réalités contemporaines, nous proposons quelques adaptations, notamment l’intégration de l’externalisation comme stratégie d’entrée, la gestion des réseaux internationaux via des approches top-down et bottom-up, et l’accent sur l’utilisation des technologies numériques. De plus, le modèle prend en compte les spécificités des marchés émergents, les différences culturelles, la vitesse d’internationalisation et les facteurs de durabilité. Ces ajustements permettent aux entreprises de naviguer plus efficacement dans le processus d’internationalisation tout en minimisant les risques et en maximisant les opportunités.

L’origine du modèle

Le modèle d’Uppsala, développé dans les années 1970 par des chercheurs de l’Université d’Uppsala en Suède, notamment Jan Johanson et Jan-Erik Vahlne, est devenu un cadre théorique majeur dans le domaine du management international. Il vise à expliquer le processus d’internationalisation des entreprises, en particulier des petites et moyennes entreprises (PME).

Le modèle original

Principes fondamentaux

Le modèle original d’Uppsala repose sur deux concepts clés :

  1. L’engagement progressif : Les entreprises s’internationalisent de manière graduelle, en augmentant progressivement leur engagement sur les marchés étrangers.
  2. La distance psychique : Les entreprises commencent leur expansion internationale vers des pays culturellement et géographiquement proches avant de s’aventurer vers des marchés plus lointains.

Les quatre étapes de l’internationalisation

Le modèle propose une séquence de quatre étapes dans le processus d’internationalisation :

  1. Exportations sporadiques
  2. Exportations via des intermédiaires indépendants
  3. Établissement d’une filiale commerciale à l’étranger
  4. Implantation d’unités de production à l’étranger

Mécanisme d’apprentissage

Le modèle met l’accent sur l’apprentissage expérientiel. Les entreprises acquièrent progressivement des connaissances sur les marchés étrangers, ce qui leur permet de réduire l’incertitude et d’augmenter leur engagement.

 

Le modèle adapté

Face aux critiques et à l’évolution du contexte économique mondial, Johanson et Vahlne ont révisé leur modèle en 2009 pour intégrer de nouveaux éléments.

Intégration de l’approche réseau

Le modèle adapté reconnaît l’importance des réseaux d’affaires dans le processus d’internationalisation. Les relations et les partenariats deviennent des facteurs clés pour l’accès aux marchés étrangers.

Concept d' »outsidership »

Le modèle révisé introduit la notion d' »outsidership » (exclusion) par rapport aux réseaux pertinents comme principal obstacle à l’internationalisation, remplaçant la notion de distance psychique.

Reconnaissance de l’opportunité

L’identification et l’exploitation des opportunités d’affaires sont désormais considérées comme des moteurs importants de l’internationalisation, au-delà de la simple réduction de l’incertitude.

Processus bilatéral

Le modèle adapté souligne que l’internationalisation est un processus bilatéral, impliquant non seulement l’entreprise qui s’internationalise mais aussi ses partenaires étrangers.

Implications et limites

Le modèle d’Uppsala, tant dans sa version originale que dans sa version adaptée, offre un cadre précieux pour comprendre le processus d’internationalisation des entreprises. Il met en lumière l’importance de l’apprentissage, de l’engagement progressif et des réseaux dans l’expansion internationale.

 

Autres aspects considérés par 6temik pour rendre le modèle pratique

Externalisation comme stratégie d’entrée

Le modèle pourrait intégrer l’externalisation comme une étape préliminaire ou alternative dans le processus d’internationalisation. Cette approche permettrait aux PME de tester les marchés étrangers et d’acquérir de l’expérience internationale avec un risque et un investissement initial réduits. L’externalisation de certaines fonctions (comme le service client, la production, les technologies de l’information ou le marketing) à des partenaires étrangers pourrait servir de tremplin pour une internationalisation plus poussée.

Gestion des réseaux de contacts avec approches top-down et bottom-up :

Intégrer une dimension de gestion des réseaux d’affaires internationaux, en combinant :

  1. Une approche top-down pour la planification stratégique et l’architecture globale du réseau d’internationalisation
  2. Une approche bottom-up pour l’implémentation et l’optimisation au niveau local, permettant une plus grande flexibilité et innovation

Intégration des technologies numériques

Mettre l’accent sur l’utilisation des technologies numériques pour faciliter l’internationalisation, notamment les plateformes de commerce électronique et les outils de communication digitale.

 

Prise en compte des écosystèmes d’innovation

Souligner l’importance des écosystèmes d’innovation et des partenariats avec des incubateurs ou accélérateurs dans le processus d’internationalisation.

Adaptation aux marchés émergents

Affiner le modèle pour mieux refléter les spécificités de l’internationalisation vers les marchés émergents, qui peuvent présenter des défis et des opportunités uniques.

Intégration de la dimension culturelle

Approfondir l’analyse de l’impact des différences culturelles sur le processus d’internationalisation, en particulier dans le contexte de l’externalisation et de la gestion des réseaux internationaux.

Prise en compte de la vitesse d’internationalisation

Adapter le modèle pour mieux expliquer les processus d’internationalisation rapide, en intégrant les avantages de l’externalisation pour accélérer ce processus.

Intégration des facteurs de durabilité

Considérer l’importance croissante des considérations environnementales et sociales dans les stratégies d’internationalisation, y compris dans le choix des partenaires d’externalisation.

 

Ces suggestions d’amélioration permettraient d’actualiser le modèle d’Uppsala pour mieux refléter les réalités contemporaines de l’internationalisation des entreprises. En particulier, elles offrent aux PME des moyens flexibles, moins risqués et plus efficaces de s’engager sur les marchés internationaux. En intégrant ces améliorations, le modèle d’Uppsala, qui est à l’origine un cadre théorique, se transforme en un outil pratique permettant aux entreprises de définir et de mettre en œuvre une stratégie d’internationalisation plus adaptée aux défis actuels.

Ce faisant, il devient non seulement un guide pour réduire l’incertitude et gérer les risques liés à l’internationalisation, mais aussi un levier pour exploiter pleinement les opportunités offertes par les réseaux internationaux et les technologies modernes.